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Ils ont enfin trouvé un site pour organiser leur fête techno. Un agriculteur de Plessé leur loue quelques hectares.
En juin, ils avaient dû se résigner à reporter leur teknival. Faute de terrain. Mais les soundsystems ne souhaitaient pas passer en force. L'an dernier, la friche portuaire du Carnet, entre Nantes et Paimboeuf, avait été réquisitionnée par le préfet. Tout s'était bien passé sous le contrôle de la gendarmerie.
Cette année, donc, pas de réquisition. Les teufeurs ont sollicité les agriculteurs et ont fini par trouver une oreille attentive du côté de Plessé, près de Châteaubriant. En échange, une indemnité est offerte, entre 3 000 et 4 000 €.
« Ce sera un teknival à taille humaine, prévient Samuel Raymond, qui fait le lien entre les organisateurs et les autorités. Entre 3 000 et 5 000 personnes sont attendues. Une quinzaine de collectifs seront présents pour une dizaine de soundsystems. Et environ 150 artistes défileront dans le week-end. »
Les organisateurs, habitués aux levers de boucliers, aimeraient bien rencontrer les riverains pour les informer et lever, si besoin, certaines inquiétudes.
Reste à savoir si la fête séduira autant de teufeurs que prévu. Il y a quinze jours, en Mayenne, ils étaient à peine 1 000 à se retrouver sur un terrain militaire.
Marylise COURAUD.
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vendredi 24 juillet 2009
Ils louent leurs champs pour la fête électro
« On veut laisser leur chance à ces jeunes qui sont des citoyens comme les autres », disent Gérard, et son fils Julien.
Gérard et son fils Julien élèvent vaches et porcs dans le nord de la Loire-Atlantique. Sur leur terrain, 4 000 à 5 000 personnes vont danser jusqu'à dimanche. Ils les accueillent par esprit d'ouverture.
Reportage
« Voilà, c'est ici. » Gérard Bidaud, 54 ans, et son fils Julien, 29 ans, agriculteurs, montrent le terrain qu'ils ont loué aux organisateurs d'un grand rassemblement électro, proposé par une quinzaine de collectifs de Loire-Atlantique. 4 000 à 5 000 personnes sont attendues jusqu'à dimanche sur cette prairie, bien verte en raison des pluies persistantes.
Elle s'étale sur onze hectares, semés de quelques bouses. Des vaches y dormaient encore dans la nuit. Remplacées ce jeudi matin par des techniciens qui montent des installations sonores.
Ce terrain, au Coudray, dans la commune de Plessé (Loire-Atlantique), est une partie des 140 ha de l'exploitation de Gérard et Julien, qui travaillent avec un salarié.
Ils élèvent 80 vaches laitières et 240 porcs, en bio. Quasiment en autonomie totale. Le cheptel laitier se régale des 90 ha d'herbe. Et les exploitants cultivent 20 ha de maïs et 30 ha d'autres céréales, toujours pour l'alimentation des bêtes.
« On préférait reporter »
Mais l'humidité a retardé la moisson dans le secteur. « C'est pourquoi, on a dit aux organisateurs et à la préfecture qu'on préférait reporter le festival en août. Mais ils tenaient à cette date », dit Julien. « Ce Multison avait déjà été décalé une première fois, justifie Jean, du collectif URSS, en pleins préparatifs du rassemblement. Et c'était difficile de le faire en août en raison des vacances. »
Alors, la sécurité a été renforcée. Des barrières de deux mètres encerclent la plus grande partie du périmètre pour éviter les dégradations des champs de blé autour. « En cas de dégradations, des indemnités sont prévues par l'État et les collectifs », poursuit Jean.
Le contact s'est fait par l'intermédiaire d'un voisin, artiste électro. « Il nous a demandé si on avait un champ pour organiser ce festival », racontent Gérard et Julien. Pourquoi avoir accepté, au risque de susciter des réticences dans le voisinage ? « Il y a eu par le passé des raves sauvages, qui s'accompagnaient de dégradations, expliquent les exploitants. Désormais, on nous assure que tout est bien organisé par les collectifs en collaboration avec la préfecture. Certes, il risque d'y avoir des nuisances sonores. Mais tout est mis en oeuvre pour réduire les autres problèmes potentiels. »
Est-ce par goût pour la musique électronique ? Pas vraiment. Julien, qui, plus jeune, a assisté à pas mal de concerts, préfère le ska. Quant à son père, son truc, c'est plutôt le sport. Leur motivation est avant tout la tolérance et l'ouverture d'esprit : « On veut laisser leur chance à ces jeunes, qui sont des citoyens comme les autres. Si on ne leur tend pas la main, comment s'intégreront-ils à la société ? »
Jean, du collectif URSS, apprécie : « C'est très important pour le mouvement techno que des agriculteurs nous aient fait confiance. C'est quand même moins complexe que d'obtenir un site par l'intermédiaire de l'administration. » Le jeune homme se réjouit : « Cela montre l'intégration des collectifs dans la société. »
Jacques SAYAGH.
Ouest France